Démarche artistique
Les mots, le papier et la toile constituent les matériaux de base de mon travail artistique. Que ce soit pour mettre ces mots en bouche en tant que raconteuse d’histoires, sous le nom d’Iris la Raconteuse dans une tente de lecture ambulante pour un public d’enfants et leurs familles, ou pour les écrire sur papier et ensuite les déchirer, les coller, les rassembler sur la toile, en tant qu’artiste en arts visuels. Ces éléments constituent pour moi une matière vivante porteuse d’une vision et qui se dévoile lors d’un échange.
En tant qu’émigrée, je perçois La Réalité ou les réalités comme des territoires à explorer et des frontières à respecter. Passionnée par la question des limites ou « frontières » entre l’Un et son contraire (l’individuel et le collectif, le privé et le public, le national et l’international, la présence et l’absence, l’ici et le « là-bas », le masculin et le féminin etc.), mes recherches se concentrent sur ces mouvements invisibles inhérents à la dynamique humaine, à cette contradiction. C’est ma pratique artistique et mon amour pour l’art en général, qui me permettent de prendre conscience de ces tensions en les rendant perméables et accessibles aux sens et ainsi les contempler et les accepter. C’est une façon de danser avec l’Inconnu, l’Inexplicable, le Mystère.
Mes installations visuelles traitent de cette dynamique et de la question des limites et les mots s’avèrent être des points d’intersection, des traits d’union, pour aider à comprendre la nature humaine à l’œuvre. Car pour moi, l’humain est un « système », un pays à lui tout seul, une énergie invisible, qu’il dévoile le temps d’un échange avec un Autre. Il est un territoire aux contours flous, fait d’évolutions et de révolutions et dont les frontières se modifient au contact d’autres territoires ou des « Autres ». Ma démarche est féministe avant tout pour continuer à mettre en lumière les notions d’équité, d’écoute et d’empathie entre humains de sexes opposés et au-delà des genres et surtout en tant que femme artiste, amoureuse et mère. Un combat encore et toujours d’actualité.
Inspirée par l’Arte Povera et le Street Art, j’aime le dépouillement du matériel. Faire avec peu. Des mots, un stylo, du papier, du tissu et de la colle – un minimum nécessaire.
Ce que je tente de saisir c’est la « géographie » – abstraite, ponctuelle, poétique et mouvante – d’une personnalité, d’une époque, d’un instant. La trace de l’énergie laissée par les tensions inhérentes au passage de la vie. Quelle forme prend-t-elle ? Comment la capturer pour la contempler ensuite ? Et continuer à grandir.